Oumar Diakité- LE COMBAT-8 mai 2018
La violence actuelle et, particulièrement, en ce qui concerne le Cercle de Koro, ne procède pas de la lutte contre le djihadisme, mais d’un calcul machiavélique destiné à chasser les peulhs de leur terroir afin de reprendre leurs champs et troupeaux.
Ainsi, toutes les brutalités contre ces derniers sont implicitement autorisées. Ce qui pousse l’Association des amis de la Culture peulh (Tabital Pulaaku) a scandé, avec des preuves à l’appui, « on affame, on tue et on brûle les peulhs ».
Cette organisation des peulhs est présidée par Abdoul Aziz Diallo. Elle se compose des anciens ministres de la République du Mali et d’autres personnalités. Ses membres étaient en face de la presse, le weekend dernier, pour parler de la gravité et de l’ampleur des violences entre les communautés peulhs et dogons au cours de ces derniers mois dans les cercles de Koro et Douentza.
Les conférenciers ont présenté le bilan du massacre des Peulhs de Nawodié et Tanfadala, dans la Commune de Dioungani, par des chasseurs terroristes appelés dan-na Amassagou. Car, déplorent-ils, ces chasseurs disposent aujourd’hui du droit de vie et de mort sur la Communauté peulhs sans défense. «Au nom de ce droit, ils ont mis à mort près de quarante (40) personnes, ouvrant ainsi la voie à un génocide sans précédent dans la Région de Mopti », alerte l’Association comme pour confirmer les accusations des organisations de défense des droits de l’Homme.
Face à la tragédie, le Gouvernement s’est terré dans le silence complice. « Mais là encore, les poursuites n’ont jamais été engagées en dépit des déclarations des Représentants de l’Etat dont le Procureur Général près la Cour d’Appel de Mopti. La mise en œuvre de la stratégie d’épurement ethnique va se poursuivre par les assassinats ciblés contre les peulhs et l’enlèvement de leur bétail », ont déclaré les Conférenciers.
Au regard du mutisme de l’État, le peulh est devenu un gibier qu’il faut débusquer, non pas dans les buissons, mais à l’intérieur des cases. Du 10 janvier 2018 au 29 avril 2018, révèle l’Association Tabital Pulaaku, «Des séries d’évènements se sont succédé, prouvant à suffisance les desseins génocidaires des chasseurs terroristes de Dan-na Amassagou. Entre autres, cite-t-on : les incendies des villages peulhs de Madougou, Samani et Arguiné ; la chasse aux peulhs entreprise par dan-na Amassagou dans la ville de Koro par une opération de « porte à porte » ; l’embargo économique décrété contre les peulhs qui ne peuvent ni acheter, ni vendre quoi que ce soit, ni accéder aux marchés et encore moins embarquer dans les véhicules de transport en commun. S’y ajoute l’interception de vivres alloués aux populations sans oublier les enlèvements importants et réguliers des animaux des peulhs.
Au regard de ces pratiques, Tabital Pulaaku dénonce: «On affame, on tue et on brûle les peulhs». Cette thèse se confirme par la présence de plus de 80 peulhs déplacés du cercle de Koro à Dialakorobougou, 10 km de la ville de Bamako. Comme si rien ne se passe, le régime se lance dans une posture de convaincre le Président IBK à se représenter pour sa propre succession.
Oumar Diakité
Source : LE COMBAT,http://maliactu.net/mali-cercles-de-koro-et-douentza-on-affame-on-tue-et-on-brule-les-peulhs/
Copie du forum Malilink vers le site Toudré: https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/16340f9318bdb136
Je félicite Souleymane SOUKOUNA pour son analyse assez lucide du thème sous débat quand il conclut presque par, je le cite: « Le tribalisme ou l ethnicisme est central a notre identite, nous en tirons fierte tout les jours aussi longtemps qu ils ne poussent pas a faire du mal, ou du moins s exposer a l opprobe, surtout quand une ethnie aussi centrale que les Peuls est concernee, personne osera balayer ce probleme en le qualifiant de « minorite au sein d une minorite » en mettant l’emphase sur « la centralité de l’ethnie peuhle ».
Justement, c’est sur « la centralité de l’ethnie peuhle », qui a exacerbé, au cours de ces derniers temps, que Balata SIDIBE – un forumist Malilink, peulh instruit « multiculturel peuhl-songhoï-touareg » (que je connais physiquement et intellectuellement) qui a les yeux et les oreilles bien ouverts sur le prolongement de la crise malienne en 2018 – qui s’était fendu d’une déclaration assez troublante sur le thème dans un posting d’il y a une semaine que, curieusement, je suis le seul forumiste à relever et à traiter à ma façon, je cite Balata: « La Question peuhle se « bokoharamise au Mali ».
En clair, le Professeur de l’Université du Mali voudrait-il, selon ma compréhension des formules ampoulées à l »emporte-pièce, suggérer qu’il y a des théâtres d’opérations sur le territoire malien – la région de Ménaka, à la frontière Mali-Niger -, sur lesquels il y a des massacres de populations civiles par des terroristes djihadistes qui appliquent les méthodes de Boko Haram au Nigéria, Niger, Tchad et Cameroun? J’ai, allègrement, franchi le Rubicon en qualifiant les massacres interethniques Peuhls-Touareg de Ménaka en disant que c’est le projet « djihad peuhl » au Mali qui est nourri par le MUJAO qui, se nourrissant du modèle Boko Haram au Nigéria, a fait jonction avec des Terroristes EIL venant du Sahara, du côté de l’Algérie, essentiellement des camps des réfugiés sahraouis de Tindouf qui sont terro-djihado-narcotrafics et qui discutent les routes cocaïnes qui passent par Ménaka et Tilabéri (au Niger) aux milices touarègues Imghad du Gatia qui ont impliqué une milice Daouçahak commandée par Moussa ag-Chaghtman, un thuriféraire du MNLA qui se cherche une assise politique dans son pays, l’Azawak.
Par ailleurs, dans le Macina-peuhl (triangle Youvarou, Téninkou, Djenné), tout le monde sait que ce sont de jeunes peuhls macininkés, des Talibés de Amadou Kouffa DIALLO, qui opèrent les enlèvements suivis de tueries des fonctionnaires, des militaires (gendarmes, gardes et forestiers), des agents des ONG, des agents de santé et des enseignants en brûlant les écoles comme si ces djihadistes peuhls maliens sont virussés Boko Haram.
Dans le Macina-bambara et dans le Séno-dogon, le projet « djihad peuhl » cherche à obtenir, par la terreur djihadiste, pour les pasteurs peulhs, sinon le pouvoir politique de contrôle primordial de l’espace agro-pastoral selon le modèle de la Dina de Chékou Amadou, le roi théocratique islamique du Macina-Débo, du moins l’accès égal à la gestion des ressources naturelles productives qui était assuré, jusqu’à date, par les sédentaires agraires.
Au total, je conclurais en disant que le projet « djihad peuhl » vise le chamboulement de la tenure foncière agricole et pastorale, voire une nouvelle gouvernance locale qui prendrait en compte la composante peuhle qui s’estime marginalisée, à juste titre, dans certains terroirs des régions en question.
Sincèrement,
Mohamed AG HAMATY